Nos cultures nous distinguent et nous opposent.
Et pourtant l’on n’apprend que de la rencontre avec ceux qui sont différents de nous. Nos semblables ne nous enseignent rien que nous ne sachions… Il est d’ailleurs utile de connaître les habitudes et les aspirations des autres, même lorsqu’ils sont nos adversaires.
Il est donc primordial de dépasser nos divergences et nous efforcer de comprendre les autres. Pour cela, avoir vécu dans différents contextes m’a fourni des clés de compréhension mutuelle.
Chaque humain est unique.
Il existe cependant des similitudes dans les réactions des différents groupes sociaux. Ainsi, la plupart des membres de chaque collectivité ont des usages, des croyances et des normes communs.
Nous sommes tous fiers de nos valeurs et avons tendance à les considérer absolues et éternelles. Aussi, constater que l’autre n’est pas comme nous, nous dérange, nous met mal à l’aise et même, parfois, nous choque. Nous nous comprenons mal. Ce qui est source de malentendus.
Et, étant persuadés d’avoir raison, nous sommes tentés d’imposer nos certitudes aux autres.
Ce qui entraîne souvent des intolérances, des mépris, des rejets et des conflits.
Nous aurions pourtant bien besoin de nous comprendre, ne serait-ce que pour coopérer.
Dans « Rencontrer les autres… cultures autour du monde » (éditions Cleyriane), je relate des centaines d’anecdotes caractéristiques, issues de mon expérience d’avoir travaillé et vécu dans une trentaine de pays d’Europe, Amérique, Afrique et Asie.
J’en ai tiré, notamment, les constatations suivantes sur les principales particularités dont il faut tenir compte.
Tous les peuples n’ont pas les mêmes conceptions de l’espace. Certains, notamment les Arabes, recherchent souvent une proximité physique, alors que d’autres, comme la plupart des Anglais, ne sont l’aise qu’à distance de leurs interlocuteurs. Autre exemple, les Français sont accoutumés aux poignées de main et aux bises, alors que bien des Américains ont tendance à éviter les contacts, y compris du regard.
Les diverses sociétés ont aussi des conceptions du temps très différentes. Avec les Orientaux, les négociations peuvent durer longtemps, sans nécessairement qu’on aborde le sujet d’emblée. Les Occidentaux peuvent alors avoir le sentiment que la discussion traîne. En fait, ce qui importe, c’est d’avoir le temps de faire connaissance, pour estimer si l’on peut se faire confiance… Par ailleurs, dans certains pays tels que l’Allemagne et le Japon, tout est planifié dans le détail et la ponctualité doit impérativement être respectée. Il n’en est pas de même partout, notamment en Espagne ou en Amérique latine… Enfin, les Occidentaux sont habitués à percevoir le temps comme se déroulant linéairement d’un début à une fin. Alors qu’en Inde, le temps est considéré comme circulaire… et que la culture chinoise est imprégnée de l’« impermanence » d’un temps à la fois constamment changeant et éternellement stable.
D’autre part, certains peuples valorisent surtout l’expérience pratique (U.K.), les résultats, la réussite matérielle et les gains en argent (U.S.A.). Des populations valorisent le marchandage (Arabes…), ou subordonnent le respect de leurs engagements, aux circonstances (U.K.). A l’opposé, les habitants d’autres pays ont une passion pour les idées, la logique, les discours et les écrits (France), ou pour l’harmonie, la sérénité et la méditation (Orient).
D’autres peuples accordent une place importante à la sensibilité et l’affectivité (émotions) …et aux relations, attentions et compassions pour les faibles. Dans les cultures anglo-saxonnes, il est mal venu de parler de ces aspects. Tandis qu’en Orient, on met en avant la nature et la beauté. En Inde et en Afrique les talents artistiques sont valorisés. Et les Italiens ont une propension à l’extraversion, un souci de leur apparence, une acceptation de désordre et un goût pour des idées novatrices. En France, il y a même des débats passionnés sur des sujets abstraits.
Toutes les populations n’ont pas non plus la même appréhension de la liberté. Chez les anglo-saxons, chaque individu est responsable de ses choix et doit veiller à ses propres intérêts. Ce qui induit un climat de compétitions, de violence et d’inégalité. Ailleurs (Chine…), le collectif prévaut sur l’individu. A d’autres endroits (Allemagne, Japon…), on est habitué à rechercher le consensus et la coopération et on respecte scrupuleusement les règles établies. En Afrique, les relations sont d’emblée fraternelles… et considérées comme devant être réciproques.
Par ailleurs, tous les peuples n’ont pas la même acceptation de l’autorité de la hiérarchie d’un pouvoir central fort (Chine), d’une stratification sociale ancienne (Inde), d’une aristocratie marchande (Angleterre), ou de règles suivies avec ordre et discipline (Allemagne et Japon). A l’opposé, pour d’autres, les relations sont plus égalitaires. En Afrique, les entraides sont spontanées… et chez les Américains le fonctionnement « démocratique » dénonce les privilèges et fait que les dirigeants sont facilement accessibles, portes ouvertes.
Tous les peuples n’ont pas non plus la même propension à rechercher la sécurité (cf. par exemple, protection sociale de la santé, des emplois et des revenus, en France) ou, au contraire, à assumer la prise de risque, avec flegme et courage (Royaume-Uni) et considérer constructivement les échecs (U.S.A.).
On peut relever aussi des réactions aux critiques et évaluations très différentes, d’un pays à l’autre. Les Anglo-saxons recherchent couramment des appréciations de leurs actes et surtout de leurs résultats, quitte à nuancer leurs propos (cf. Canada). Au Japon, il en est presque de même, sauf que tout jugement de la personne est prohibé. Inversement, dans les pays de tradition catholique, la moindre appréciation suscite des réactions de défense, dénégations et autojustification (« ce n’est pas moi », « c’est qu’on n’en avait pas les moyens »…). En Chine, on exprime peu ses opinions, ni refus, ni approbation, pour ne pas risquer de perdre la face.
Enfin, les membres des « cultures de haut contexte » (Orientaux, Arabes, Japonais) s’expriment souvent de façon implicite, car, pour eux, s’expliquer clairement serait une manifestation de mépris de l’intelligence de son interlocuteur. Inversement, aux U.S.A., chez les Germaniques et les Scandinaves, la majorité des gens a tendance à dire directement ce qu’ils pensent, même si c’est, habituellement, sans la violence verbale, que tolèrent les Français et les Latins.
La connaissance de toutes ces particularités des autres facilite la compréhension mutuelle.
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