Les différents peuples de la terre ont des croyances et des usages hétérogènes.

Ces convictions, enracinées dans leur tradition, sont héritées de leur passé, via les anciens, aux expériences desquels cela répondait.

 

Or nous sommes tous convaincus d’avoir raison, contre tous les autres.

On aboutit à des « systèmes » antagonistes. Les oppositions de convictions entraînent alors des intolérances et des affrontements.

Surtout lorsque nos croyances sont cristallisées dans des principes religieux… et que les religions, qui sont en quête d’universel, considèrent que leurs propres valeurs sont absolues et éternelles et sont tentées d’imposer leurs certitudes dogmatiques aux autres. Ce qui arrive actuellement avec une indéniable demande de spiritualité et le regain du mysticisme.

 

Cela explique les antagonismes entre les communautés nationales, ethniques, sociales, religieuses et sexuelles qu’on constate de plus en plus souvent.

 

En même temps, nos cultures sont le reflet de l’adaptation à des conditions de vie, qui sont évolutives. Ainsi, les cultures dépendent du contexte géographique et historique et varient selon les situations, les lieux et les époques, lorsque l’environnement change, suite à des innovations techniques ou des bouleversements sociaux.

Nous sommes ainsi passés, en un siècle, d’une culture agronome et rurale, à une culture industrielle de production, puis à une culture libertaire, dans les années 1960 et, aujourd’hui, à une culture geek d’interactions, évolutions rapides incessantes et généralisation de l’économie libérale, d’exigence de droits individuels et aspirations matérielles exacerbées.

 

Il en résulte des concurrences, compétitions, inégalités et instabilités qui divisent encore plus les sociétés.

 

Cependant, tous les pays font simultanément face à des bouleversements de leurs existences de quatre ordres, qui pourraient leur être fatals :

– croissance de la population et globalisation des échanges économiques internationaux qui entraînent inexorablement, sur une terre de dimension limitée, la raréfaction ou l’épuisement des ressources naturelles ;

– détériorations de la nature, source de vie, provoquées par les développements industriels inconsidérés engagés au cours des dernières décennies ;

– effets négatifs incontrôlés des innovations technologiques séduisantes, qui se multiplient actuellement ;

– développement d’une finance spéculative mondiale, qui détourne l’économie de ses finalités.

Ce sont là des problèmes d’une telle ampleur qu’ils ne peuvent être résolus que si les hommes s’y consacrent ensemble, aucun n’étant plus capable de défendre, seul, ses intérêts. La survie du monde nécessite une coopération renforcée entre les peuples, qui doivent arriver à se comprendre, nonobstant leurs différences culturelles.

 

Dans ce contexte, la plupart des responsables et dirigeants ont pris conscience de trois choses.

Ils savent, tout d’abord, que les escalades de la violence sont sans issue. D’une part, parce qu’ils ont constaté que les guerres sont inefficaces pour résoudre les conflits. D’autre part, parce que les armements qui permettent des « destructions massives » étant accessibles à bien des pays, toute attaque serait inévitablement réciproque… et conduirait à une annihilation mutuelle.

Par ailleurs, ils admettent que si l’entente est difficile, elle est possible. Nous le démontrons depuis 75 ans.

Enfin, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la coopération apporte plus que l’antagonisme, car les échanges scientifiques et les transactions commerciales à l’international sont plus fructueux que la guerre.

 

Nous aboutissons alors à un clivage entre deux forces.

D’un côté, les représentants des minorités (des groupes d’affinités, aux lobbies défendant des intérêts particuliers), se plaignent d’être « discriminés » et revendiquent des droits particuliers.

Ce qui fait que le monde est de plus en plus divisé…

D’autre part, les chefs d’Etats et institutions supranationales savent que le souci des intérêts communs et les coopérations pacifiques sont indispensables.

Ce qui exacerbe souvent, aujourd’hui, les oppositions entre les exigences des peuples et les directives des dirigeants, quels que soient les régimes politiques.

 

Saurons-nous instaurer une compréhension mutuelle qui dépasse nos oppositions culturelles ?

 

Il ne s’agit pas de tout accepter. Renier sa propre culture serait un appauvrissement.

 

Mais on peut adhérer simultanément à plusieurs cultures, même si elles énoncent des préceptes contradictoires, sans trahir celle de ses origines, car l’homme est capable d’appréhender la complexité.

 

Il faut simplement s’efforcer de connaître et prendre en considération les usages, besoins et souhaits des autres… et accepter de réexaminer ses propres croyances et certitudes préconçues, qui font interpréter et juger à tort ce que font et disent les autres.