La mondialisation a entraîné un progrès économique. Mais tous les pays n’en ont pas profité, l’Occident s’est dessaisi de certains de ses atouts et l’équilibre géopolitique entre les nations s’est déplacé. Il devient primordial de soutenir les complémentarités entre les peuples et lutter contre les tentations égoïstes, mais aussi de remédier aux conséquences écologiques du développement… et anticiper les effets induits par la mise en place d’un monde du numérique.
La mondialisation a d’abord été industrielle. Historiquement, le savoir et les technologies ont été à l’origine du progrès économique de l’humanité. Qu’on pense, par exemple, dans le domaine de l’énergie, à la découverte du feu, puis à la domestication animale, aux machines à valeur, à l’utilisation des énergies fossiles (automobile, aviation…) et au nucléaire. Au cours des derniers siècles, ces connaissances ont été essentiellement développées par les chercheurs des pays occidentaux (sciences, mécanisation, organisation…). Leurs motivations étaient souvent de trouver des inventions, plus que de gagner de l’argent. Les savants étaient prêts à tous les échanges. Ce qui les engageait souvent dans les activités d’enseignement.
D’autres pays aspiraient à un développement économique et disposaient d’une population misérable susceptible de constituer une main d’œuvre à bas coût. Au cours des dernières décennies, ils envoyèrent certains de leurs enfants étudier dans les pays développés… et négocièrent, avec les industriels de ces pays, l’implantation d’usines sur leur territoire. Les industriels occidentaux, qui aspiraient à faire des économies de main d’œuvre, acceptèrent des délocalisations industrielles. Les pays émergents devinrent capables d’une production d’un prix peu élevé. Ils l’écoulèrent en priorité pour la clientèle solvable des pays développés, les Occidentaux important ces produits. Il se créa, progressivement, une interdépendance technique et économique entre les pays émergents et développés, presque en symbiose. Il en résulta des déficits commerciaux des pays occidentaux. Tandis que les pays émergents dégageaient des marges de profit qui leur permettaient, ensuite, des transferts de fonds massifs (achats des obligations d’Etat et emprunts des pays développés…) et des investissements importants.
Un nouveau partage des rôles s’était établi : le savoir dans les pays occidentaux, la production et la croissance dans les pays peu développés, la consommation dans les pays occidentaux.
Avec cette coopération internationale, la production moyenne par habitant s’est accrue fortement. Elle aurait ainsi plus que décuplé entre 1800 et 2000. En sorte que le développement de la coopération entre les pays occidentaux et les pays émergents a contribué à une prospérité mondiale accrue. Les pays émergents accédèrent à une consommation qui sortait de la misère une large partie de leur population. Ils se développèrent. Ce qui induisit une baisse très nette de la pauvreté dans le monde, puisque, selon la Banque mondiale, il n’y aurait plus que moins de 9 % des humains à vivre dans une extrême pauvreté (contre plus de 37 %, en 1990).
Mais cet équilibre ne fut que temporaire. Plusieurs facteurs le perturbèrent. Les pays émergents se dotèrent ainsi rapidement de connaissances de pointe… et se modernisèrent. Trois processus les y aidaient. Le savoir était diffusé gratuitement par les échanges entre les laboratoires de recherche… et les étudiants des P.V.D. étaient accueillis facilement dans les universités des pays occidentaux, souvent sans guère payer, notamment en France. Les pays émergents créaient des universités de pointe. Ainsi l’Inde forme plus d’ingénieurs que la plupart des pays occidentaux, notamment en électronique. Par ailleurs, des entreprises occidentales acceptaient des conditions de partage de leur savoir-faire, comme Dassault le fit, en Inde. Ou bien elles installaient une part croissante de leurs usines à l’étranger, comme Renault en Bulgarie ou en Turquie… En même temps, dans les pays occidentaux, l’emploi des classes moyennes modestes (ouvriers, techniciens, employés) diminuait… On risquait de se retrouver dans un jeu à somme nulle, où chacun s’efforcerait de consolider sa position au détriment des autres. Les pays émergents prirent conscience qu’ils étaient limités par la nécessité de préserver un niveau de prospérité suffisant des occidentaux, pour que ceux-ci soient en mesure de continuer à acheter leurs productions. Il fallait lutter alors contre les tentations de réactions égoïstes, pour profiter de ses atouts ou se défendre… et instaurer, dans ce but, de nouvelles régulations.
Dans le monde agricole, il en fut un peu différemment, car les productions y dépendent largement des caractéristiques locales de la terre et du climat. Partout, dans le monde, la sécurité alimentaire dépendait de ces conditions géographiques et des échanges entre les pays. Or la demande alimentaire augmentait avec l’urbanisation, accrue par l’industrialisation, puisque 55 % de la population mondiale vit aujourd’hui en ville, alors que c’était moins de 4 % en 1500.
La situation était tendue, compte tenu du développement démographique (de la population humaine de la terre) : Moins de 1 milliard en 1800. Plus de 6 fois plus, actuellement
Les scientifiques et techniciens en biologie trouvèrent alors des procédés pour se libérer de la dépendance à la nature. Ils découvrirent des engrais susceptibles d’augmenter la production et en organisèrent la production de masse (phosphates…). Ils inventèrent des produits phytosanitaires, pour se débarrasser des « mauvaises » herbes, ou éliminer certains animaux « nuisibles » (insectes…). Ils créèrent des élevages hors sol et des productions sous serre irriguées au goutte à goutte (par exemple, pour les tomates, aux Pays-Bas). Ils décomposèrent les processus de production, ce qui permit à certains pays de s’approprier une part croissante des productions (cf. abattoirs installés en Allemagne, employant une main d’œuvre provenant des pays d’Europe centrale). Tout ceci débouchait à la fois sur des redistributions des rôles entre les pays… et des perturbations écologiques majeures. Et cela contribue à induire des menaces de propagation d’épidémies. Les grandes entreprises d’alimentation occidentales tentèrent alors d’occuper des positions dominantes, au détriment des pays sous-développés (cf. appropriation de graines par Monsanto…).
D’ailleurs, tout le processus de mondialisation ne s’est pas fait sans effets pervers.
Tout d’abord, l’augmentation de la production consommait une part accrue des ressources naturelles (matières première et sources d’énergie…) d’une terre aux dimensions limitées. On peut se demander si ce fut toujours anticipé et pris en compte.
Par ailleurs, l’instauration de méthodes de production industrielles intensives fut source de détériorations des conditions écologiques de survie des humains : pollutions, réchauffement climatique, envahissement, y compris des mers, par des déchets (plastiques…). Ce qui contribue à une multiplication des catastrophes : sécheresses, incendies, inondations, tornades, cyclones.
Ajoutons que depuis la fin du vingtième siècle nous avons de nouveaux défis, car nous sommes rentrés dans un âge d’interconnexion numérique des réseaux de communication entre les sociétés, dont il n’est pas certain que nous maîtrisions les effets.
Tout ceci nous contraint aujourd’hui à affronter et surmonter de multiples menaces, qui nous imposeront à des changements majeurs. En sommes-nous conscients et y sommes-nous prêts ?
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