J’ai publié récemment un livre intitulé « Dépasser les antagonismes interculturels Un défi vital pour le monde ». Il montre que tous les peuples font actuellement face des risques de destruction, auxquels ils sont confrontés ensemble… et ne pourront échapper qu’en s’alliant.
Le premier des défis qu’il nous faut surmonter aujourd’hui est certainement la dérive des équilibres naturels qui conditionnent notre survie : réchauffement climatique, accroissement sans limite de la population humaine et épuisement des ressources naturelles, diminution de la diversité de bien des espèces, pollution croissante, apparition de contaminations par des pandémies imprévues, etc. Il apparaît clairement qu’y remédier nécessite à la fois la transformation de nos usages vers plus de frugalité… et, plus fondamentalement, une évolution culturelle vers plus de coopération entre les nations et de limitations des pressions de lobbies privés, en faveur d’une croissance de la consommation sans limite et non régulée.
J’ai, par ailleurs, été, personnellement, impliqué, de la fin des années 1980 à la fin des années 2000, dans des missions de conseil auprès des dirigeants de plus de 70 banques et j’ai enseigné la stratégie à des cadres supérieurs pendant plus de dix ans, dans le cadre du Centre d’Etudes Supérieur de Banque (C.E.S.B.). Cela m’a fait travailler sur l’importance du coût des risques, le poids croissant des activités financières… et le changement des attitudes culturelles des dirigeants. J’ai également piloté une étude qui montrait les réticences du secteur bancaire à prendre en compte, dans ses activités, les menaces sur les équilibres écologiques, concernant l’environnement et le développement durable. Depuis le début des années 2000, j’ai surtout participé à des actions de lutte contre le blanchiment de l’argent provenant d’activités criminelles… et à des mises en place de dispositifs de conformité, audit et contrôle interne. Ce qui m’a amené à de nombreuses interventions pour prévenir les fraudes financières, ou en limiter les effets. Ça a été l’occasion, pour moi, d’observer bien des transactions internationales d’évasion fiscale, qui échappaient au contrôle, mais aussi l’exposition croissante des banques à la cybercriminalité. Toutes ces expériences m’ont permis de constater le transfert de la création monétaire à la distribution des crédits et l’inflation de l’endettement mondial, au niveau des entreprises, y compris publiques… et des particuliers, dans certains pays, mais aussi au niveau des Etats, dont on ne discerne plus comment ils pourront rembourser. Ces interventions m’ont montré que l’économie était de plus en plus dépendante des transactions spéculatives sur les marchés financiers, déconnectées de ce qui conditionne notre vie, sans que personne le maîtrise. Mais comment mettre de l’ordre dans ce domaine sans y œuvrer tous ensemble ?
Nous sommes, ainsi, exposés à des bouleversements de nos conditions d’existence, qui pourraient aller jusqu’à la suppression toute vie sur terre. Est-ce insurmontable ?
On peut rester optimiste, si on se réfère à l’évolution dont l’humanité a été capable : il y a de moins en moins d’humains qui vivent dans la misère et de famines, notre vie est plus facile que celle de nos ancêtres, nous sommes moins confrontés à la violence et nous avons plus de temps pour nos loisirs… et la plupart d’entre nous vivent plus longtemps et en meilleure santé.
Cela ne veut pas dire que nous devions considérer que les indéniables progrès des connaissances scientifiques et des technologies vont résoudre nos difficultés. On peut se demander si leurs effets sont toujours bénéfiques, ou, a fortiori, suffisants. La révolution informatique et Internet ont bouleversé nos accès aux informations et nos capacités de traitement des données. Mais les heures que nous passons face aux écrans ou à nos smartphones, le pouvoir sans contrepartie des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), la vidéo-surveillance des gens et les manipulations de nos profils par l’intelligence artificielle et les opinions divulguées sur les réseaux sociaux sont-ils toujours des progrès ? Le nucléaire, les robots, les plates-formes, les pesticides, les bio et nanotechnologies et le « blockchain » n’ont-ils que des aspects positifs ?
Pour réussir à dépasser les défis qui nous menacent, il est surtout indispensable que nous nous souciions plus de nos intérêts communs et des besoins de la société. Ce qui suppose de contenir les exigences de certains individus, ou minorités, donc de savoir à la fois intégrer les aspirations particulières de certains, en fonction de leur appartenance à un groupe sexuel, ethnique, ou religieux spécifique… et de résister aux pressions de quelques-uns, au détriment du collectif. Par exemple, combattre les attaques mondiales des islamistes. Y arriver suppose d’être capable de s’intéresser aux étrangers et s’ouvrir à eux, afin de comprendre leurs attentes. C’est ce que j’ai tenté d’illustrer dans mon livre « Rencontrer les Autres… cultures autour du monde », dans lequel je tente de décrire des particularités des Américains, Africains, Arabes, Indiens, Chinois ou Japonais, mais aussi des autres Européens, Anglais, Allemands, Italiens… ou Français.
La cohésion entre nous est, en effet, primordiale pour arriver à surmonter nos risques vitaux actuels. On le voit bien quand on analyse les difficultés de l’Europe, ou les mises en cause des principes démocratiques qui permettent à chacun d’avoir une influence sur ses conditions de vie. Y arriver suppose que nous convenions d’un socle de valeurs partagées.
Je pense aux suivantes : l’honnêteté et la vérité, qui fondent la lucidité (par opposition aux mensonges et tromperies), l’esprit critique et la rationalité, qui nous permettent des raisonnements valides, la justice, la protection de la sécurité et l’équité, qui permettent d’identifier ceux qui méritent la compassion et l’assistance des autres, une liberté assortie de responsabilité, la tolérance, fondement d’une laïcité dépassant ses ambiguïtés… et la solidarité, l’entraide et la coopération.
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